Promener son chien dans les vignes : les bonnes pratiques

En Gironde, nous sommes nombreux à nous promener dans les vignes en compagnie de notre chien. Avec ses 9000 exploitations viticoles, la Gironde ne manque pas de terrain ! En revanche cela ne s’improvise pas. Mieux encore : cela s’apprend car tout n’est évidemment pas permis. Voici les bonnes pratiques à adopter pour se promener avec son chien sur un domaine viticole, en toute sécurité.

Cet article a été écrit grâce aux bons conseils de Mélanie qui est ouvrière tractoriste dans un château à Mérignac et qui est également la dog mom de la belle berger blanc suisse Laïka.

Bienvenue sur une propriété privée !

Comme les panneaux l’indiquent généralement, un vignoble, c’est une propriété privée qui appartient toujours à quelqu’un (un viticulteur, un commerçant…). Il faut donc partir du principe que les promeneurs n’ont pas le droit de le traverser ou de prendre les allées. Heureusement, et comme on va le voir, certains vignobles font des exceptions, en autorisant le passage, parfois avec des chartes promeneurs. Ces chartes, lorsqu’elles existent, sont disponibles à l’entrée des châteaux. Elles indiquent ce que le promeneur a le droit ou pas de faire, et si la présence des chiens y est tolérée. Il faut bien garder en tête que ces règles sont pour la sécurité des promeneurs et en aucun cas pour les embêter.

D’ailleurs, certains GR traversent des vignobles : dans ce cas, un droit de passage est demandé aux exploitants. C’est d’ailleurs valable pour la vigne comme pour les grandes cultures (champs de blé, de maïs, etc). Les promeneurs n’ont techniquement pas le droit d’y passer sauf si l’agriculteur en donne le droit.

Si un droit de passage est accordé, les promeneurs ont le droit de passer le long des vignes uniquement. Traverser les rangs de vignes est interdit. Par contre, sont autorisées les grandes allées qui séparent les parcelles. Ces zones sont souvent tolérées à la promenade. Voilà pour les droits basiques.

Pour finir sur ce sujet, gardons en tête qu’un agriculteur a tout à fait le droit de refuser le passage des promeneurs, car c’est sa propriété, ce serait comme traverser son jardin.

Respecter le travail des viticulteurs

Présence d’un tracteur = on garde ses distances

Si certaines exploitations autorisent les gens à se promener, il faut partir du principe que c’est du donnant-donnant : les promeneurs peuvent venir à la condition de respecter les conditions de passage et les travailleurs.

Si un promeneur et son chien croisent un travailleur à pied et que celui-ci est à l’aise avec les chiens, cela ne pose pas de souci particulier. En revanche, si le travailleur est en tracteur, certaines consignes de sécurité sont à respecter :

• on garde son chien près de soi et/ou en longe
• on ne passe pas à côté du tracteur : on passe bien avant ou bien après
• on attend que le tracteur passe à bonne distance et en s’éloignant de la sortie du rang où il se trouve

En effet, il suffirait d’une erreur du promeneur et de son chien, une seconde de retard dans la réaction du travailleur qui conduit le tracteur et l’incident serait fatal. C’est une pression quasi constante pour les viticulteurs. Les promeneurs et leur chiens sont tolérés, mais ces règles sont à respecter car s’il arrive quoi que ce soit, ce serait de la faute de l’exploitant.

Certaines machines sont très lourdes et pèsent un minimum de 6 tonnes. Si un chien fonce dessus, même si la machine roule à 5km/h seulement, il faut anticiper le temps de latence de freinage. On garde donc ses distances de sécurité et on attache son chien en longe.

Par ailleurs, si le tracteur est dangereux en lui-même pour le chien, les outils, pour broyer les sarments par exemple, le sont tout autant. À noter que même en cas d’urgence, lorsque le travailleur arrête le moteur du tracteur, les outils ne s’arrêtent pas immédiatement. Donc, même moteur arrêté, les chiens doivent se tenir à distance des tracteurs pour éviter tout incident malheureux.

Pour faire simple, on reste loin des tracteurs : ils sont munis d’outils rotatifs ou pulvérisent des traitements. Il suffirait d’un défaut technique pour qu’un accident arrive, même si les travailleurs font tout pour rester en contrôle de leurs machines.

Passage d’animaux sauvages et chiens en liberté

Les domaines viticoles sont de grands espaces où de nombreux animaux sauvages passent, et en particulier les lapins. Et l’on sait à quel point il est compliqué d’aller contre l’instinct de certains chiens de chasse ! S’ils sont détachés et qu’ils coursent les lapins, ils peuvent traverser les dizaines d’hectares des exploitations, en n’ayant plus aucun rappel et à toute vitesse. Les viticulteurs à bord de leur machine se retrouvent parfois à devoir piler pour éviter un chien. Si trop de chiens débarquent à toute vitesse sous les roues des tracteurs, les domaines qui permettent les chiens en libre ne le permettront peut-être plus.

Et lorsqu’on dit respecter le travail des viticulteurs, ça passe aussi par là : à chaque fois qu’un viticulteur doit freiner ou arrêter sa machine pour laisser passer un chien, c’est une perte de temps et de travail.

Donc se promener oui, mais en sécurité tout en s’assurant que son chien n’aille pas chasser le lapin à 3 km, surtout s’il n’a pas un rappel infaillible. La meilleure solution reste l’utilisation de la longe.

Les règles à proximité des bâtiments

Lorsque l’on s’approche des bâtiments, il est obligatoire de rattacher son chien. Très souvent, des visites sont organisées sur les exploitations. Et les visiteurs n’apprécient pas forcément que des chiens débarquent, certains en ont peur, etc. De même pour les travailleurs qui déjeunent aux abords des bâtiments : ce n’est jamais agréable d’avoir des chiens qui déboulent pour quémander un bout de sandwich !

Et bien sûr, on ramasse les déjections. Pour des raisons sanitaires mais aussi d’image du château : si des visiteurs marchent dans les déjections, ce n’est vraiment pas un bon point pour les exploitants. Il y a toujours des poubelles autour des bâtiments qui servent à ça.

Présence des chiens des travailleurs

Certains travailleurs emmènent leur chien sur le domaine. Ce sont souvent des chiens de berger qui protègent la parcelle. Alors amis joggers, cyclistes, trottinettes : contournez la parcelle ou passez à pieds afin de ne pas vous faire courir après !

La période de traitement phytosanitaire

Les dangers des traitements

La période de traitement de la vigne se déroule d’avril à fin juillet / début août. Elle concerne donc une partie du printemps et de l’été, période propice aux longues promenades et excursions avec son chien.

Tout d’abord, il faut savoir que les traitements phytosanitaires protègent les récoltes. Les viticulteurs sont obligés de les appliquer pour s’assurer une récolte. Qu’ils soient en raisonné, en bio, en biodynamie, en conventionné, aucun produit de traitement n’est sans danger, pour la santé ou pour l’environnement. Comme partout, c’est la dose qui fait le poison. Une dose qui ne serait pas nocive pour l’homme pourrait l’être par exemple pour le chien.

Pour autant, il ne faut pas paniquer : la majorité des domaines veut maintenant faire bonne impression en expliquant les raisons de l’utilisation de ces produits. Les viticulteurs sont dans le partage, la pédagogie et la discussion !

Des solutions existent pour rester en sécurité

Selon l’exploitation, des solutions de communication existent. Par exemple, allez à l’accueil et présentez vous. Dites que vous êtes un promeneur régulier ou un voisin : il se peut que l’on vous propose de vous ajouter à une liste de mail ou de sms, qui sert à prévenir les promeneurs des dates et de la durée des traitements, ainsi que la période pendant laquelle la promenade est interdite pour des raisons de sécurité (en général entre 24/48h). S’il n’existe pas de liste, les exploitants vous donneront à l’oral toutes les infos utiles pour vos promenades.

Autre exemple, certains châteaux comme celui de Mélanie hissent un drapeau triangulaire à l’entrée, un peu comme à la plage :

• 🟢 vert : promenade autorisée
• 🟠 orange : promenade déconseillée
• 🔴 drapeau rouge : promenade interdite pour cause de traitement.

C’est pour cela qu’il est conseillé d’entrer sur les domaines par la porte principale et non sur les côtés : tous les conseils et informations s’y trouvent.

Notez bien que ces solutions ne sont pas obligatoires car chaque exploitant fait comme il peut et comme il veut. Certains domaines ne vont pas communiquer et il faudra aller chercher les infos par soi-même. Mais cela montre que des solutions sont possibles pour que chacun puisse profiter de ces espaces en bonne intelligence. En cas de doute, il ne faut pas hésiter à appeler le viticulteur qui vous donnera toutes les infos nécessaires.

Faire preuve de bon sens

Cela peut sembler simple comme bonjour mais pour autant, certains promeneurs ne respectent pas cette règle basique : on voit un tracteur qui traite sur une parcelle = on n’y va pas. Les personnes qui traitent sont équipées d’une combinaison, de bottes, de gants, d’un masque, d’une visière… Ce n’est pas pour rien ! Tous ces efforts de signalisation sont faits pour la sécurité de tous. Les promeneurs (tout comme les visiteurs, pendant les visites organisées) doivent la respecter. Un tracteur qui traite, c’est du bon sens : on passe ni devant ni derrière et au mieux, on évite carrément de passer sur la parcelle.

Flaques, soufre : la vigilance est de mise

Durant la période de traitement, les châteaux font tout pour minimiser les risques mais les soucis techniques et les fuites peuvent toujours subvenir. En conséquence, s’il y a une flaque d’eau sur l’exploitation, il ne faut pas laisser son chien s’y baigner ou y boire. Si la flaque est là depuis plusieurs jours, il y a de grands risques pour qu’elle contienne du produit.

Aussi, les exploitations (même bio, bio conventionnelles ou biodynamie) utilisent du soufre pour traiter l’oïdium. Et même si ce produit se dégrade assez bien dans le sol, il est très allergène aussi bien pour les humains que pour les chiens. C’est le produit que l’on sent le plus, quand on dit que « ça pue dans les vignes », il s’agit du soufre. Si on a un chien sensible, on évite qu’il aille se coller aux feuillages des vignes durant cette période car c’est un produit de contact qui reste sur la surface des feuilles. Raison de plus pour rester bien sagement dans les allées et on demande à son chien de ne pas aller dans le feuillage. D’ailleurs, très souvent, les gens qui travaillent avec leur chien au vignoble ne l’emmènent que très rarement durant cette période, ce n’est pas pour rien !

Se promener avec son chien dans les vignes n’a désormais plus de secret pour vous. Si vous avez d’autres conseils ou d’autres bonnes pratiques à ajouter à cette liste, dites-moi tout en commentaire !

L’astuce de Scratch et Céline : lisez notre article sur les meilleurs spots de balades sans chenilles processionnaires. Le premier paragraphe liste quelques châteaux autour de Bordeaux où les chiens sont tolérés.